Le Marechal/joueur:Oban 23/05 à 14:25:20
Le maréchal siégeait au milieu de l’estrade que Bamboulax lui avait construite, flambant dans toute la splendeur de son bel uniforme noir, sang et or. Le tirailleur sénégalais ne s’était d’ailleurs pas arrêté la, puisque il avait construit une potence avec un drapeau bleu blanc rouge, un buste d’une jeune fille avec un bonnet phrygien, un tableau noir, une vingtaine de banc pupitres a encriers, un tableau noir et un encadrement de porte au dessus duquel se trouvait un panneau : « école communale publique de l’Oasis. LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE »
Tu aurais pu construire les murs aussi, espèce de fainéant ! C’est ni fait ni à faire ! Au coin !
Remplaçant sa chéchia par un bonnet d’âne, Bamboulax alla se placer les mains dans le dos devant un palmier au fond de la classe, contre lequel il ne tarda pas à s’endormir, brisé de fatigue qu’il était.
Bien !
Le maréchal saisi un morceau de craie et inscrit au tableau fait de planches noircies au charbon de bois le titre de sa causerie : « Leçon de choses : LA STRATEGIE, rudiments »
Cadets, aujourd’hui nous menons l’offensive sur un sujet glorieux, qui a fait la grandeur de nos armées, j’ai nommé la stratégie et les moyens de parvenir, sinon à la victoire, du moins à la gloire et aux honneurs.
Car n’oubliez pas que contrairement à une fausse idée trop largement répandue, la stratégie n’a pas pour but de conquérir et de vaincre. Cela même un prussien ou un anglais peut le faire. On ne manque pas d’exemples de leurs traîtrises où, casque à pointe sur le crâne, ils ont osé poser le pied sur le bon sol de la patrie pendant que nos soldats étaient occupés à mourir glorieusement. La différence c’est que, nous, on a la classe.
Pour votre réflexion, cet exemple simple : quelqu’un peut il me donner un nom de survivant de la bataille de Verdun ? Ah je vois que des doigts se lèvent. Oui ?
- Monsieur… c’est quoi Verdun ?
Hmmm, oui, bon… Vous voyez bien que les survivants on en parle plus, alors que les morts ont tous leur nom au monument aux morts, et on pose une gerbe à leurs pieds tout les quatorze juillet. Si ça ne suffit pas a vous faire comprendre à quel point il est préférable de mourir au combat que de s’en sortir, alors je vois pas ce qui peut vous ouvrir les yeux.
Nous allons donc étudier le point central de la stratégie réussie, puisque glorieuse, j’ai nommé : la charge sabre au clair ! Art suprême, elle peut être exécutée de 1000 et unes façons toujours réussies et spectaculaires si on en maîtrise les bases. Les variations sont infinies : sans munitions, sous les mitrailleuses, sous la pluie, dans le brouillard ou le gaz moutarde, ou encore dans le soleil couchant pour un effet de style classieux très populaire auprès des dames.
Disant cela, le maréchal adresse une œillade complice à son auditoire.
Ahh, le prestige de l’uniforme… mais passons.
Il dessine vite fait sur le tableau deux gros ronds et une flèche, puis écrit « NOUS » dans un rond, « EUX » dans l’autre.
Voici un exemple concret, la bataille d’Azincourt. Formation habituelle de la chevalerie française, un classique 4-4-2 comme on dit dans le jargon. Nous avons la : 2 chevaliers qui chargent, 4 paysans qui hurlent, portent des drapeaux et jouent du tambour et 4 autres qui portent la bouffe et les lances. A noter la réversibilité efficace et rapide en 4-5-1, puis 5-5-0, pour finir en 2-0-0 et 80% de pertes, un modèle du genre, prenez en de la graine.
Tout cela bien sur est fortement daté comme tout les classique et plus tellement de rigueur, bien que le cas d’école soit intéressant. A cette formation, je préfère personnellement un bon 1-0-9, rendu possible par la baisse du coût de l’équipement des troupes.
Certes on pourra déplorer l'absence de tambours, la musique militaire etant, comme la justice militaire, un glorieux exemple d'efficacité et de virilité pour les civils, mais l'époque a ses necessités.
Le 1 au fond, c’est bien entendu l’état major qui a établi la stratégie, et qui se charge de toute la logistique et du boulot, passez moi l’expression, « très chiant », pour permettre aux soldats de se couvrir de gloire. Retenez bien qu’être officier est avant tout une charge et un sacerdoce et non pas une partie de plaisir.
Prenez des notes, nous allons passer aux exercices pratiques juste après la pause déjeuner.
L’après midi fut consacrée aux travaux pratiques. Les Etudiants, intrigués et intéressés par les méthodes radicalement inédites du Maréchal, purent s’en donner a cœur joie. Apres un échauffement musculaire et des vocalises, le vieil officier leur donna pour mission de courir en brandissant des fusils, non chargés à l’exercice. De son sifflet, le Maréchal donnait le signal.
TRIIIIIIT !!! Pour la France !! En avant ! Chargeeeez !! A moi mes poilus !! A cul les Velrans !!
Une fois la charge et les cris au sens mystérieux (probablement mystiques) du maréchal bien assimilés, l’exercice se complexifia. Il consistait maintenant à tomber de manière glorieuse sur le front. D’aucuns s’y essayèrent avec entrain.
- Aaaaah !! Mais ça fait super mal putain de sa mère !!
Criait un eleve qui venait de se jeter la tete contre une pierre.
Evidement, c’est pas sur ce front la qu’il faut tomber. Ca n’a aucune grâce, aucune élégance !! Regardez Jet Black, il le fait très bien !
En effet, Jet Black tout en stoppant sa course, posait avec emphase sa main sur le cœur, défaillait et tombait avec souplesse, semblant plus mort qu’une tombe, mais plus glorieux que la flamme du soldat inconnu.
« Ah !! Mon cœur, je suis touché, je meurs !! POUR LA FRANCE !! »
Pas mal, pas mal du tout. Gardez un peu plus longtemps la pose pour mieux declamer votre texte avant de tomber.
« Ah !! Non d’une bite molle d’âne châtré !! Voila t’y pas qu’une balle viens d’m’exploser la caboche !! Nom de Dieu, et pour la France, j’ai mal !»
BAMBOULAX, ZERO !!